Les travailleurs ont défilé samedi lors d’une
manifestation appelée par les syndicats de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois,
en banlieue du Nord-Est de Paris, contre la fermeture du site qui est prévue
pour 2014. Ceci fait partie d’une stratégie de la direction d’imposer une
augmentation de la productivité et une réduction des effectifs grâce au
« compactage » et qui implique également la fermeture des usines PSA de
Madrid et de Sevelnord, dans le Nord de la France.
Les manifestants ont scandé des slogans, tels « De
l’argent il y en a, dans les caisses de PSA ! » et « Pour l’interdiction des
licenciements ! »
Quelque 2.000 personnes se sont jointes au défilé.
En plus des travailleurs de PSA et des habitants de la région, il y avait
des contingents de responsables de la CGT, de maires et de membres du parti
bourgeois de « gauche », le Parti socialiste (PS), et de partis petits
bourgeois de « gauche » comme le Parti communiste (PCF) et le Nouveau Parti
anticapitaliste (NPA).
L’aspect le plus significatif de la manifestation
est la méfiance croissante des travailleurs à l’égard des syndicats et de la
« gauche » petite bourgeoise tandis que s’accentuent les tensions de classe
entre le prolétariat et la classe dirigeante.
C’est le résultat d’expériences amères subies,
telle la trahison de la CGT dans la lutte contre la réduction du droit à la
retraite du président Nicolas Sarkozy: La CGT s’était tenue à l’écart tandis
que la police était dépêchée pour briser la grève et le blocage organisés
par les travailleurs du secteur pétrolier. Il y a aussi l’impact des luttes
révolutionnaires de la classe ouvrière en Tunisie et en Egypte et le pillage
de la Grèce par l’aristocratie financière européenne et internationale.
Les travailleurs qui ont parlé au WSWS ne
croyaient pas, à juste titre, pouvoir lutter pour leurs revendications sous
la direction de la CGT et de la « gauche » petite bourgeoisie. La CGT met en
avant une perspective en faillite selon laquelle les travailleurs peuvent
défendre leurs emplois en demandant à PSA de répartir la production sur
plusieurs usines différentes. De telles exigences, qui ne sont rien d'autre
qu'une capitulation totale devant les employeurs, ont servi de caution
politique à la CGT pour superviser, depuis le début de la crise économique
mondiale en 2008, la fermeture de dizaines d’usines de l’industrie
automobile partout en France.
Le
WSWS a parlé avec Zitouni qui travaille depuis 15 ans sur la chaîne de
montage de l’usine PSA d’Aulnay.
P
arlant de la nécessité de
contre-attaquer, Zitouni a dit : « Il faut un mouvement beaucoup plus vaste.
La lutte contre les licenciements ne peut pas se faire au niveau d’une seule
usine. Les syndicats ne l’organisent pas .... PSA ne veut pas reculer. C’est
une question d’argent. Au Maroc, les travailleurs sont payés 250 euros. Les
travailleurs des pays low-cost ne sont pas nos ennemis. Ils vont se
réveiller et se révolter. »
« Je ne connais pas de parti en France qui
représente la classe ouvrière. Mélenchon [Jean-Luc, candidat présidentiel du
Parti communiste et ancien ministre PS] semble s’opposer au système, mais il
a gardé son âme de PS. Il se rangera avec les plus forts. S’il y a de plus
en plus de chômeurs, il y aura une guerre civile. Je suis d’accord qu’il
faut un parti international pour articuler les luttes de la classe ouvrière
au niveau international. »
Samba,
membre de la CGT qui travaille depuis trois ans chez PSA-Aulnay, a dit, « Le
problème, c’est que les syndicats ne sont pas d’accord. Je reconnais qu’en
2010 ils étaient unifiés dans l’Intersyndicale, mais ils n’ont pas unifié la
lutte contre la réforme de la retraite. Je ne suis pas d’accord avec ce qui
s’est passé à Grandpuits » - l’une des raffineries où, durant la lutte
contre la réforme des retraites, la CGT n’avait rien fait pour empêcher la
police de briser le piquet de grève.
Il a jouté, « Ce qui se passe en Grèce est un
avertissement pour nous. Mais, il n’y a pas de parti qui représente la
classe ouvrière en France. On devrait aider les Grecs, mais comment ? Je
suis d’accord que l’argent donné par l’UE au gouvernement grec n’est que
pour les banques. Il faut que les travailleurs ici soient solidaires avec
les travailleurs grecs. Je leur dis qu’il faut continuer à lutter contre
l’austérité.
Leur lutte est la nôtre. »
Rajaram travaille depuis 15 ans chez PSA: « On
nous a dit que s’il n’y a pas de travail pour nous, on nous offrira du
travail ailleurs. Mais, je ne peux pas quitter la région : j’ai un
appartement ici et ma famille et deux enfants. Je travaillais dans une usine
à Madras et j’ai été licencié. La même chose se passe ici et partout. »
« J’ai 45 ans. Je ne trouverai du travail nulle
part et si j'en trouvais, je perdrais tous les droits que j’ai acquis après
15 ans chez PSA. Les syndicats ne servent à rien. Le Parti socialiste, le
NPA et la CGT – ils ne vont rien changer. »
Les partisans du WSWS ont interviewé des
travailleurs et distribué des articles sur les luttes des travailleurs de
l’automobile et de l’industrie partout dans le monde :