Confirmant le cessez-le-feu, Israël déclare que «la campagne contre l’Iran n’est pas terminée »

Le siège endommagé de la télévision d'État iranienne, la Radiodiffusion de la République islamique d'Iran, à Téhéran, le jeudi 19 juin 2025 [AP Photo/Vahid Salemi]

Au lendemain d’une campagne de bombardements américano-israéliens de 12 jours, les responsables israéliens se sont engagés à poursuivre leur «campagne contre l’Iran».

Le lieutenant-général Eyal Zamir, chef d'état-major de l'armée israélienne, a déclaré mardi dans un communiqué: «Nous avons clos un chapitre important, mais la campagne contre l'Iran n'est pas terminée. Nous entrons dans une nouvelle phase, qui s'appuie sur les succès de l'opération actuelle.»

Réitérant ces points, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré qu'Israël respecterait le cessez-le-feu avec l'Iran annoncé lundi par le président américain Donald Trump, mais qu'il attaquerait à nouveau l'Iran s'il cherchait à continuer d'enrichir de l'uranium.

«Nous avons contrecarré le projet nucléaire iranien. Et si quiconque en Iran tente de le reconstruire, nous agirons avec la même détermination et la même intensité pour faire échouer toute tentative», a déclaré Netanyahou.

Saluant le résultat de la campagne américano-israélienne, Netanyahou a déclaré: «Nous avons éliminé de nombreux hauts responsables et attaqué des bases des Gardiens de la révolution. Nous avons porté un coup décisif au régime des ayatollahs, le coup le plus dur de son histoire. Nous avons éliminé des centaines d'agents du régime lors d'une attaque dévastatrice. Je remercie le président Trump pour son soutien indéfectible.»

Netanyahou s'est engagé à porter son attention sur Gaza, où les États-Unis et Israël commettent un génocide contre le peuple palestinien: «Nous devons achever la mission contre l'axe du mal iranien en [...] détruisant le Hamas ».

L'Iran, pour sa part, s'est engagé à poursuivre son programme d'enrichissement nucléaire après l'attaque israélienne. «Nous avons déployé des efforts considérables pour acquérir cette technologie. Nos scientifiques ont consenti d'énormes sacrifices et ont même perdu la vie pour y parvenir», a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, au média d’information Al-Araby al-Jadeed. «Notre peuple a dû surmonter des difficultés pour cela, et une guerre a été imposée à notre nation à ce sujet. Il est certain que personne en Iran n'abandonnera cette technologie.»

Tôt mardi, Trump s'est violemment emporté vis-à-vis d’Israël, l'État client des États-Unis au Moyen-Orient, et de l'Iran, que les États-Unis venaient de bombarder: «Putain, ils ne savent pas ce qu'ils font.»

Sous couvert de diplomatie, Israël a lancé un bombardement massif contre l'Iran le 13 juin, tuant 20 hauts responsables civils et militaires iraniens lors d'une attaque surprise. Au cours de cette offensive américano-israélienne de 12 jours contre l'Iran, plus de 600 Iraniens ont été tués et des milliers blessés. Dimanche, les États-Unis ont lancé une campagne de bombardements contre les sites d'enrichissement nucléaire iraniens à l'aide de bombardiers à longue portée et de missiles de croisière.

Trump a annoncé un cessez-le-feu lundi, qui semble être entré en vigueur mardi.

Après son annonce de cessez-le-feu mardi, Trump s'est rendu au sommet de l'OTAN à La Haye où furent annoncées des augmentations majeures des dépenses militaires de la part de tous les membres de l'OTAN.

Dans un message sur Truth Social, Trump a partagé une série de messages du secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, qui a salué l'attaque illégale des États-Unis contre l'Iran. « Monsieur le Président, cher Donald, félicitations et merci pour votre action décisive en Iran, c'était vraiment extraordinaire, et personne d'autre n'a osé le faire. Cela renforce notre sécurité à tous», a écrit Rutte.

Malgré les déclarations vantardes de Trump selon lesquelles il aurait anéanti ce qu’il appelle le programme d’«armes nucléaires» de l’Iran, les dommages réels infligés au programme semblent avoir été limités.

Mardi, CNN, le New York Times et d'autres médias ont révélé un rapport classifié des services de renseignement américains indiquant que l'attaque n'avait retardé le programme nucléaire iranien que de quelques mois.

Ce rapport indique que la majeure partie des stocks d'uranium enrichi de l'Iran avait été déplacée avant les attaques américaines, ce qui signifie qu’une petite partie a été détruite.

Le rapport, publié par l'Agence de renseignement de la Défense, estime que si l'Iran décidait de créer une arme nucléaire, il pourrait le faire en six mois, contre une estimation précédente de trois mois.

Dans une lettre adressée au Congrès Trump affirmait mardi que les sites bombardés par les États-Unis faisaient partie d'un «programme de développement d'armes nucléaires», en dépit d’affirmations antérieures du renseignement américain qu’un tel programme n'existait pas. «Les forces américaines ont mené une frappe de précision contre trois installations nucléaires en Iran utilisées par le gouvernement de la République islamique d'Iran pour son programme de développement d'armes nucléaires», écrivait Trump.

Cela contredit l’évaluation présentée en mars par le gouvernement Trump que l’Iran n’avait pas ordonné la relance de son programme d’armes nucléaires, arrêté en 2003.

Des factions dominantes au sein de l'establishment politique américain appellent déjà les États-Unis et Israël à exiger de nouvelles concessions de l'Iran. Un éditorial publié mardi dans le Wall Street Journal appelait à utiliser la guerre de ce mois-ci comme tremplin pour contraindre l'Iran à «démanteler ce qui reste de son programme nucléaire et à mettre fin à la guerre par procuration qu’il mène dans la région».

Pendant ce temps, Israël poursuivait ses massacres quotidiens à Gaza, tuant 85 Palestiniens, dont 56 demandeurs d'aide, dans des installations gérées par la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), soutenue par Israël. Le même jour, les États-Unis ont annoncé qu'ils verseraient 30 millions de dollars à cette fondation, dont les centres de distribution ont été des lieux de massacre pour des centaines de civils aux mains des forces israéliennes. Francesca Albanese, rapporteure spéciale des Nations Unies sur le territoire palestinien occupé, avait précédemment déclaré que les opérations de la GHF constituaient du «camouflage humanitaire» et une «tactique essentielle de ce génocide».

(Article paru en anglais le 25 juin 2025)

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